PRÉSENTATION
« Lorsque les hasards de la naissance et de l’histoire font qu’aucune culture, place, conduite ou valeur ne vous apparaissent comme vôtres, en vertu de quels critères pouvez-vous préférer telle place, action, valeur ou conduite ? En vertu de quoi l’esclave révolté vaut-il mieux que l’esclave soumis, le joueur que l’avare, le rebelle sans cause que l’inquisiteur ?
Telles sont les questions, vécues et vitales, qui ont motivé cet ouvrage. Parce que rien n’était donné à son auteur comme allant de soi pas même l’adhésion à la vie du corps, il lui fallut produire lui-même ses préférences et certitudes ; et comme le sol ni les instruments culturels de cette production ne lui étaient pas non plus donnés, il lui fallait fonder – au sens radical que la phénoménologie donne à ce terme – une axiologie ou hiérarchie des possibles, et une théorie de l’aliénation qui expliquât pourquoi cette hiérarchie peut être niée ou non respectée en pratique.
Le point de départ devait nécessairement être une ontologie existentielle : sans elle il n’y a pas d’anthropologie (philosophique) ni de morale possibles. On verra comment la seule ontologie existentielle qui existe, celle de Sartre, a pu être pliée aux besoins de cette entreprise : elle a permis de dégager les trois directions fondamentales de valorisation d’où découlent trois possibilités fondamentales d’éthique : les valeurs et attitudes vitales, puis esthétiques, puis, imprescriptible et jamais acquise, la valorisation de la valorisation elle-même par quoi la liberté, au terme d’une rupture (ou “conversion”), se déprend de toutes les valeurs au profit de sa propre activité souveraine.
Pour moitié environ, ce volume est constitué d’analyses existentielles visant à vérifier la valeur opératoire de cette classification a priori : phénoménologie des valeurs corporelles, sensorielles, esthétiques, psychanalyse existentielle des attitudes de la “Vie aliénée”, puis de celles, “esthétiques”, de l’instantanéiste, de l’aventurier, du poète, du saint.
La dernière partie porte sur l’articulation et l’intégration des trois niveaux axiologiques dans la perspective d’une éthique de la libération. On y trouvera un essai d’élaboration des instruments et de la méthode d’une compréhension de soi par soi, base de toute libération possible.
Ce livre qui est par certains côtés une “somme” de l’existentialisme, en indique en même temps l’articulation avec le marxisme et son indispensable mais encore impossible dépassement pratique. Il fournit non point une morale, mais les instruments et les repères permettant d’en inventer une, de comprendre pourquoi la morale est impossible et de suppléer à son impossibilité. »
A. G.
SOMMAIRE
Préface
INTRODUCTION : ÊTRE ET VÉRITÉ
I. L'IDÉE DE VÉRITÉ ABSOLUE
II. L'ÉVIDENCE
III. LE SENS
IV. VÉRITÉ ET AUTHENTICITÉ
PREMIÈRE PARTIE : AUTHENTICITÉ ET LIBERTÉ
I. RÉFLEXION ET CONNAISSANCE DE SOI
II. LA RÉFLEXION PURIFIANTE
DEUXIÈME PARTIE :
Chapitre 1, LA VIE ET LES ATTITUDES VITALES
I. LA VIE NATURELLE
II. LA VIE ALIÉNÉE
III. LA VIE CONSCIENTE DE SOI
Chapitre 2, LES ATTITUDES ESTHÉTIQUES
I. LA CONVERSION ESTHÉTIQUE
II. L'INSTANTANÉISTE
III. L'AVENTURIER, LE JOUEUR
IV. LE RÉVOLTÉ, LE POÈTE, LE SAINT
TROISIÈME PARTIE : LE CHOIX DE LA LIBERTÉ
I. LA CONVERSION MORALE
II. LA MORALISATION DE LA SITUATION
III. AXIOLOGIE ABSOLUE ET RELATIVE