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Les titres par année de parution


Format : 14 x 22 cm
Nombre de pages : 200
Prix : 30 €
Date de parution : 2002
ISBN : 9782718605951




Destin et Liberté
La métaphysique du mal


PRÉSENTATION

« Penser, ou repenser l'essence de la métaphysique, la metaphysica genreralis, c'est non seulement poser à nouveau la question classique de l'être en tant qu'être, de la substance, de ses catégories et de ses prédicats, mais c'est encore s'interroger sur la métaphysique moderne. Depuis Duns Scot et Descartes, l'être, c'est le concept. L'être dépend des formes représentatives du concept, donc de l'intellect, de l'entendement, de l'esprit, de la conscience. Désormais, la métaphysique pourra se définir comme une « Analytique de l'entendement pur », selon l'expression de Kant, ou de la conscience transcendantale, selon Husserl. Dans cette métaphysique, ce n'est donc plus l'objet qui cause formellement la pensée du sujet, mais c'est la conscience du sujet qui détermine la réalité objective de l'objet. Or, pour se voir attribuer une telle activité, un tel pouvoir de constitution objective, la conscience doit être soumise à une certaine condition – une condition absolue. Elle doit pouvoir se représenter indépendamment des objets qu'elle représente, des phénomènes sensibles, naturels, physiques. Elle doit donc pouvoir se représenter elle-même comme libre envers les déterminations naturelles, spatio-temporelles, des phénomènes du monde sensible. En d'autres termes, elle doit pouvoir s'autodéterminer. Et pour Kant, ce pouvoir d'autodétermination, c'est le pouvoir même de la liberté. Dans la métaphysique moderne, l'intelligibilité de l'être n'est plus pensée comme telle, par une connaissance objective, mais elle ne peut plus se représenter qu'au travers de la liberté, donc par une connaissance pratique, ou morale. La métaphysique moderne trouverait ainsi dans la morale son ultime horizon de pensée.
À partir de là, je me suis posé la question suivante : quel rapport la liberté, comme pouvoir d'autodétermination, entretient-elle avec l'idée d'un ordre du monde, d'un certain déterminisme ou l'antique notion de destin ? Postuler que la liberté représente une condition nécessaire au pouvoir constitutif de la conscience, donc à son pouvoir d'objectivité, cela veut-il dire que la conscience est totalement séparée, dans sa libre représentation, de toute forme de déterminisme causal, phénoménal et physique ? Autrement dit, faut-il entendre par là que la libre représentation de la conscience n'entretient aucun rapport déterminé, ou de détermination, avec un quelconque ordre du monde ? Pour répondre à cette question, j'ai avancé un second postulat, kantien lui aussi. La libre représentation de la conscience est en fait une représentation contingente, donc soumise à son tour à certaines conditions. Cette représentation ne pourra pas continuellement ou définitivement mettre la conscience à l’abri ou à l’écart des déterminations sensibles des phénomènes, donc des objets sensibles qu'elle représente. La conscience, par nature, sera toujours tiraillée entre deux horizons : un horizon intelligible, c'est le devoir – d'être libre, autonome, souverain, et un horizon sensible, c'est le désir – l'aliénation narcissique ou l'amour de soi. Et jamais la conscience ne pourra totalement se libérer de ses penchants naturels, donc se poser définitivement dans la souveraineté de son autonomie. Inévitablement, à un moment donné, la conscience subira l'ordre déterminé du monde, ou son destin. Et par là, c'est l'unité générale des phénomènes, leur réalité objective, qui se verra menacée dans son principe. Kant nommera cette menace, le mal radical, un mal qu'aucune volonté ne pourra enrailler. Et son mon hypothèse, c'est à l'endroit de ce mal radical, ce mal métaphysique, que se jouera, pour la modernité, le rapport entre un ordre déterminé du monde, ou son destin, et l'ordre d'une libre volonté. Une métaphysique du mal comme ultime horizon de toute métaphysique possible. »

S. M.

© Éditions Galilée
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