PRÉSENTATION
« Pour l’instant, seuls les faits comptent et encore, pas pour longtemps ». Cette phrase de Céline est aujourd’hui confirmée : les faits sont défaits. L’information et sa médiatisation à outrance ont aboli les faits. Le révisionnisme ne concerne donc plus seulement la Seconde Guerre mondiale et les camps d’extermination, mais l’ensemble des événements et des faits quotidiens, un révisionnisme qui va bien au-delà de celui des historiens adeptes de la désinformation puisqu’il aboutit aujourd’hui aux prémisses d’une véritable industrialisation de l’oubli. « Vous devez tout voir, tout entendre et tout oublier », ordonnait déjà Napoléon. En fait, dès l’immédiat après-guerre, s’installait le primat de la notion d’information au détriment de celles classiques de masse et d’énergie. On se souvient de la phrase de Norbert Wiener : « L’information n’est ni la masse, ni l’énergie, l’information est l’information », autrement dit, la troisième dimension de la matière. On connaît la suite, le développement de l’informatique et sa généralisation non plus seulement dans les domaines de la gestion mais également de la représentation, avec la numérisation de l’image et du son, les possibilités inouïes d’une manipulation de la forme et du contenu des messages. Ouvrage témoin du déclin de la réalité des faits, l’essai de Paul Virilio apparaît comme le premier manifeste d’une résistance nouvelle : celle de l’écrit contre l’écran.
SOMMAIRE
Le complexe des médias
Un coup d'État informationnel
L'effet de rapetissement
Un art terminal
Victimes du décor
Du surhomme à l'homme surexcité
L'art du moteur