PRÉSENTATION
Ce sont des poèmes, et poèmes en prose, des derniers mois, avec quelques versions reprises de poèmes récents.
En sept parties dont chaque fois l’intitulé pourrait en même temps nommer tout le recueil : « Entre la vie et la mort », ou « La vie subite »… L’un d’eux en particulier, « Pensées en poèmes », reprend en l’inversant le titre d’un de mes livres (Poèmes en pensée). C’est comme un art poétique condensé, qui vaut axiomatiquement pour ce que j’écris. La poésie pense ; elle est un empirisme perçant : recherche de vérités prises dans les circonstances, qui se risquent sur des augures exemplaires à interpréter ce temps, notre temps.
Parfois le ton se fait épigrammatique, dans la tradition satirique, parce qu’il est vrai aussi que la poésie peut « faire mal »… Les « diastèmes » sont les dimensions où s’oriente notre pensée phénoménologique radicalement astreinte à la métaphoricité topologique de l’être. Ils sont les tenseurs de notre existence parmi les choses. Les choses, que j’appelle aussi parfois « choses de choses », ne sont pas les objets. Choses et monde vont ensemble. Moins il y a de choses, moins il y a de monde. Sommes-nous encore « au monde » ? La poétique est une éco-logie qui se soucie de « demeurer » (oïkos-logos).
L’être-comme (ou comparaison dans ses nombreuses tournures) est le ressort de cette pensée où le rapprochement des mots invente les « correspondances ». Comme dans tout dialogue humain, à la fin il y va de la différence, du même et de l’autre. Les choses dont nous parlons en les mettant ensemble, est-ce que « ça a à voir » ou « rien à voir » ? Théorèmes par images, mais images logiques, non pas icônes photogéniques ; une photo n’est pas un poème – même s’il arrive que le poème accompagne des photos qu’il lit… ce qui n’est pas le cas ici. On verra pourtant comment Alain Lestié sait accompagner les poèmes.
M. D.