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Enterrement du Mexique
Format : 15,5 x 21,5 cm
Nombre de pages : 128
Prix : 18 €
Date de parution : 2016
ISBN : 9782718609492




Enterrement du Mexique

PRÉSENTATION

 Un poète prépare le terrain, certes, mais le pouvoir de la poésie écrite tient à ce que des phrases entières s’imposent à soi et qu’il faut les capturer sur le champ; comme des franges d’une pluie frappent les carreaux d’une fenêtre, des visions soudainement s’imposent sur l’écran de l’esprit. Il m’a semblé que, lors de cette période mexicaine de ma vie poétique, j’étais devenu une sorte de « poète sur le motif » comme il y avait eu des « peintres sur le motif » ; pour des poèmes tels que Villes et villages ou MUXA UXI, je prenais une chaise sur l’épaule et marchais --- dans les montagnes de la Sierra Madre ou dans le désert de Wirikûta --- jusqu’à ce que je trouve l’endroit propice pour y passer quelques heures d’écriture, à l’écoute, attendant les ordres du monde, les yeux ouverts --- tout comme en pleine ville, une fois rentré à l’hôtel, je rédigeais les notes de ce que j’avais retenu des rues et de moi dans les rues, ce jour-là. Comme « boîte de couleurs », jamais n’étaient très loin, en campagne, un livre d’Apollinaire, en ville, l’un de Kerouac.

Ma poésie est ici politique. Elle a un rapport avec le gouvernement de l’Etat. Même dans mes actes les plus mallarméens --- MUXA UXI en est l’exemple type --- mon absence et mon retrait de la gabegie régnant, hélas momentanés, trop courts dans le temps, --- ne sont pas apolitiques. Le chaos entretenu par « Le mauvais gouvernement », El mal gobierno --- dixit le Sous-commandant Marcos --- atteint toutes les strates de la population qui, selon la position de chacun, est soit exsangue, inquiète, fourbue ou désorientée et ce drame dont je suis témoin me submerge, (les poèmes COLONIA ROMA et POSTCLASSIQUE), et puis j’y échappe, je rejoins --- fortune et désespoir mêlés --- le contrepouvoir de l’antique feu amérindien. En ville, j’ai le sentiment de marcher sur le filament enfermé d’une ampoule électrique. Le désir se heurte contre les parois en verre des immeubles. Je fuis les parkings pour des chambres, je fuis les chambres pour des parkings. Mes dates sont des numéros de téléphone, des noms de rues. Parallèlement, la vie est paysanne. Les amoureux s’enlacent, ils s’élancent. Je suis le Grand-père Feu des indiens Huichols. J’observe, j’applaudis, je fulmine. Je ne m’éteins pas. Je fais feu de tous bois. Et si l’on ne me voit plus, c’est que, sous la cendre, j’ai gagné le centre.

L'extrait 2 cite intégralemet la note parue sous la signature d'Yves di Manno, dans l'anthologie Un Nouveau monde - Poésies en France 1960-2010, Flammarion, collection Mille & Une pages.


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