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Le Cabinet du docteur Michaux
Format : 14 x 22 cm
Nombre de pages : 264
Prix : 32 €
Date de parution : 2003
ISBN : 9782718606095




Le Cabinet du docteur Michaux

PRÉSENTATION

« Las ! Augustine n’est plus, qui a rejoint dans nos mémoires les Blanche, Thérèse, Emma, Germinie, Cécilie, Bernadette, Hyacinthe et Philomène qui tant occupèrent nos aïeux, et cette demoiselle Bistouri, et les petites Salomés, et Jeanne la bonne Lorraine… Mais où sont les neiges d’antan ?
Elles brillent encore, d’un funèbre, d’un crépusculaire éclat, jettent leurs derniers feux dans l’œuvre de Michaux, grand amateur de belles hystériques, interprète passionné de toute la gestuelle, de tout le théâtralisme par quoi elles expriment en général leurs émotions. De Michaux en qui elles auront d’ailleurs trouvé un analyste d’autant plus attentif qu’au seul témoignage de leurs prouesses passées il entrevoit déjà, ayant lui-même alors atteint le bout de la nuit, touché le fond du gouffre, de l’abîme mescalinien, la possibilité d’une issue.
C’est-à-dire d’une suite, c’est-à-dire d’un “après”, c’est-à-dire d’un avenir.
Ma thèse ici, on l’a compris, est que l’œuvre de Michaux est une œuvre qui se guérit de sa schizophrénie par l’hystérie. Ou que cette schizophrénie, s’il faut absolument que son œuvre en manifeste le symptôme (ainsi du moins le veulent tous ses commentateurs), est une schizophrénie tempérée d’hystérie.
À la division qui scinde le sujet, à la fatalité d’une langue qui “binarise”, l’hystérique, selon le docteur Michaux (il avait envisagé sérieusement de se faire médecin et gardera jusqu’au bout pour la médecine “une sorte de goût ou de nostalgie”), réplique par la multiplication. Se bipersonnalise-t-elle (le mot de Michaux, son diagnostic), parade ou prescription, qu’elle se “multipersonnalise” !
L’hystérie est à la schizophrénie comme sont le chiffre 8, le chiffre 10, le chiffre 12… au chiffre 2. À la schizophrénie, en somme, comme son multiple.
Sa démultiplication.
On sait, en effet, ce que “démultiplier” veut dire. Que c’est augmenter, au fond, pour réduire. Et qu’en mécanique, notamment, réduire la vitesse d’un mouvement transmis s’obtient en multipliant les moyens employés afin de le transmettre. Or, n’est-ce pas de la sorte, très exactement, qu’agit dans l’œuvre l’hystérie, quand, pour le ralentir, elle transforme, si j’ose dire, le moteur à deux temps de la schizophrénie en un moteur à mille temps ?
Lorsque, entre “le moi correct” et “le moi pervers”, par exemple, l’écriture de Michaux s’oblige à prendre en compte l’infinité des moi intermédiaires.
Lorsque son dessin, de part et d’autre du sillon mescalinien, se fait un devoir, lui aussi, de reproduire tout le fouillis de hachures, de spirales, de tracés en zigzag, la multiplicité insensée de ces lignes transversales qui viennent en brouiller la lisibilité.
Bouche fendue de la grimace, peut-être, sauf que maintenant c’est bouche fendue multipliée par cent, multipliée par mille, par cent mille. Une avalanche, un amas, une nuée…
Un fourmillement.
Et qui n’est pas sans rapport avec les cadences infernales auxquelles Michaux s’astreint quand il se met à peindre. L’aquarelle-minute… Soixante minutes dans une heure… Et autant d’heures qu’une seule journée peut en contenir…
Production hystérique. »
           Ph. B.

© Éditions Galilée
Site édité avec le concours du Centre national du livre
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