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Retour aux sources
Format : 15 x 24 cm
Nombre de pages : 200
Prix : 29.40 €
Date de parution : 2010
ISBN : 9782718608334




Retour aux sources

PRÉSENTATION

  J’ai écrit ce texte par un bel été de 1978 ou 1979… J’avais éprouvé le besoin, au terme de nombreuses missions, de mettre de l'ordre dans mes informations et mes idées sur les Samo auprès desquels j’ai vécu, sans avoir pour autant une idée de publication en tête. C’est sans doute pour cela que je n’ai pas continué cette rédaction à la rentrée et que je l’ai oubliée. Bien des choses m’ont sollicitée alors pendant plus de trente ans : l’élection au Collège de France, un nouveau thème de recherche à travailler sur l’anthropologie symbolique du corps comme base d’enseignement, des livres sur l’exercice de la parenté et les complexités de l’alliance, l’inceste du deuxième type, la valence différentielle des sexes, la violence… et un rôle à jouer comme anthropologue dans la Cité. Le petit travail rédactionnel entrepris sur le monde des Samo s’est éloigné de plus en plus pour sombrer dans l’oubli.
Voilà que je le redécouvre à l’occasion d'un déménagement et que je sens la nécessité d’y revenir. Pourquoi ce retour aux sources ? Pour trois raisons, me semble-t-il : le retour à l’ethnologie, le retour au terrain, le retour sur moi-même et l’évidence à la lecture que, il y a un peu plus de trente ans, j’avais identifié les idées-force que je reprendrais et développerais par la suite. Voici une ambition compréhensible : réhabiliter l’ethnologie avec des vêtements neufs, comme si le lecteur était invité par l’Autre à pénétrer progressivement dans son univers mental. Le « je » de l'observateur ne disparaît pas totalement ; il apparaît physiquement au cours des événements, exprime les émotions qui naissent des rapports entre les gens, et s’autorise, au-delà des descriptions et analyses, des commentaires et réflexions personnels. Cependant, ce livre n’est pas fait pour rendre compte de ma manière d’être sur le terrain. Il ne s’agit pas de ma personne aux prises avec une réalité différente de la sienne. J’espère seulement que passera quelque chose de cet éblouissement que procure le terrain, de la jubilation que l’on éprouve quand on a l’impression d’accéder tout d’un coup à la connaissance, et de la participation à la même qualité d’humains reconnue de part et d’autre. Retour sur moi-même et les idées-force : tout était là dans l’œuf, de ce qui allait devenir mes axes théoriques de pensée : l’antériorité comme légitimation d’un droit, l'importance d’une dialectique des oppositions et d’une mécanique des fluides centrée sur les notions de chaleur/froideur et sur la recherche de l’équilibre par la voie de la « sympathie » entre éléments, le statut idéel en contrepoint du sexe féminin et l’appropriation masculine du principe de fécondité.

  
Au-delà de ces raisons convergentes, il y a aussi une sorte d’étonnement admiratif devant une utopie que les Samo ont réalisée, sans bruit, au fil du temps, utopie dont nos vastes sociétés démocratiques rêvent toujours si l’on en juge par le recours aux mots et aux idéaux, de cohésion sociale, d’harmonie, d’équilibre, de savoir-vivre ensemble, d’équité, de partage. Ils n’y sont pas nécessairement parvenus, mais tout leur monde mental est organisé autour de cela.
   J’ai cherché à faire ressortir l’ensemble des associations d’idées, les mécanismes de la pensée, la philosophie générale d’un groupe humain, issue de l’observation et de l’interprétation qu’ils font des données du réel étalées sous leurs yeux. Et souligner la solidité conceptuelle d’une interprétation dans un langage dont nous comprenons l’universalité, ne serait-ce que parce qu’il recourt à des composantes que nous retrouvons dans des systèmes de pensée familiers (les quatre éléments fondamentaux par exemple), qu’il rencontre des besoins que nous partageons et plus profondément qu’il se fonde sur une exigence commune de l’humanité : donner un sens à des faits inexplicables qui sont, pour eux comme pour nous, des « butoirs pour la pensée ». Nous ne pouvons que les comprendre parce que, comme l’écrivait Georges Bataille (Lascaux
, Skira, 1955) : « J’en appelle à une cohérence relative des mouvements de l’esprit humain ».

F. H.

 

 

 


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